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Paul Fustier (1937-2016), professeur de psychologie à l’université de Lyon 2, est une figure emblématique de la clinique des équipes et des institutions, dans le champ du travail social et du soin psychique. Ses analyses de la vie quotidienne des établissements ont été décisives pour penser les pratiques éducatives et soignantes à un triple niveau : institutionnel (la tâche primaire, la crise et le changement), professionnel (le faire équipe), relationnel (le lien d’accompagnement). On lui doit notamment d’avoir mis l’accent sur l’importance des espaces intersticiels et des pratiques en ricochet, à travers lesquels les enfants, les résidents, les patients et autres usagers des institutions trouvent l’occasion de faire autre chose que d’être seulement et strictement aidés, soignés ou éduqués. L’entretien mené avec Paul Fustier, complété par des textes significatifs, donne la mesure de l’émergence et de l’originalité de sa pensée, tout en la contextualisant dans sa trajectoire biographique.
224 pages.

Les institutions sont actuellement aux prises avec un mouvement de délégitimation, dans le même temps où elles sont appelées à incarner la fonction de garant du "bien commun" . C'est en effet à l'échelon de l'institution que s'articulent notamment le "vivre ensemble" , le politique et le psychique. Cet ouvrage se propose d'aborder les grands enjeux du travail psychanalytique en institution, en dépassant les antagonismes entre le primat du social et le primat de l'intrapsychique. Il permet au lecteur : - d'en appréhender les articulations "sociales-historiques" , politiques et psychiques ; - de se saisir d'une modélisation épistémologique et méthodologique ; - de mettre en perspective de nombreuses situations cliniques issues du champ du soin, mais aussi du social et de l'éducatif, dans leurs différentes temporalités et contextes. Dans le prolongement des travaux de l'école française de psychanalyse de groupe, cet ouvrage fournit les grands repères théoriques, méthodologiques et techniques de l'intervention psychanalytique en institution. "Les auteurs de cet ouvrage ont choisi de subordonner leur manuel de cliniques institutionnelles à un exposé à plusieurs voix sur ce qu'est le travail psychanalytique en institution : sur son histoire qui en retrace les conceptions et les pratiques [... ]. C'est pourquoi je veux saluer leur travail comme l'une des meilleures approches psychanalytiques de l'institution [... ]". René Kaës Public : Professionnels des institutions, psychologues, psychiatres, psychanalystes, responsables et cadres d'établissements et de services, infirmiers, travailleurs sociaux, étudiants en psychologie, en psychiatrie, en soins infirmiers et en travail social.
328 pages.

Tout en restant en continuité avec la pensée freudienne, Melanie Klein, par l’utilisation du jeu en tant que voie d’accès à l’inconscient de l’enfant, (comme le rêve pour celui de l’adulte), a ouvert un champ d’études psychanalytiques qui est loin d’être clos aujourd’hui. Souvent décriée dans les milieux psychanalytiques francophones, sa pensée souffre encore aujourd’hui d’être insuffisamment traduite car souvent caricaturée, et réduite à quelques concepts détachés de leur contexte. Cet ouvrage vise à remédier à un tel état de fait. Sans négliger la clinique, il s’appuie sur la littérature, les arts plastiques et le cinéma, en essayant d’y saisir, au moyen d’une lecture kleinienne, la complexité fantasmatique qui s’y déploie de façon visible ou inattendue. C’est ainsi que l’Éducation Sentimentale de Flaubert, loin d’une vision solipsiste et étriquée, nous apparaît comme l’un des chefs d’œuvre de la mise en scène, dans toute sa crudité et sa diversité, de la position dépressive kleinienne.
156 pages.
Francis Drossart est psychiatre et psychothérapeute d’exercice libéral, psychanalyste membre et ancien président du IVe Groupe OPLF. Ancien Chef de Clinique des Universités et ancien praticien hospitalier, il a exercé successivement comme pédiatre puis pédopsychiatre. Il est actuellement Directeur de Recherches en psychopathologie et psychanalyse, rattaché au CRPMS, UFR-IHSS, Université de Paris, et responsable pédagogique du DU Clinique Psychanalytique Kleinienne. Membre du French Team of the Melanie Klein Trust’s Website.

À l’heure où l’on prédit la fin imminente de la psychanalyse – prédiction qui accompagna la découverte freudienne dès son origine –, que signifie de s’interroger sur ses « motifs » ? Est-il exact que ses outils de pensée soient si obsolètes qu’il faille remanier ses théories et sa pratique pour mieux l’adapter ? Dans un temps où les ralliements hâtifs vont à la supposée modernisation, gage d’ouverture, qu’advient-il du temps long et de la complexité requis pour s’acquitter aussi bien de la tâche thérapeutique que de la réflexion sur les créations culturelles et sur leurs butées actuelles ?
C’est à partir des travaux de Laurence Kahn, membre de l’Association psychanalytique de France, que ces questions ont été abordées au cours d’un colloque organisé au Centre culturel international de Cerisy. Des travaux qui, depuis sa formation initiale d’helléniste dans le laboratoire de Jean-Pierre Vernant jusqu’à sa pratique d’analyste auprès des adultes et des enfants, l’ont régulièrement conduite à associer à sa réflexion sur le legs freudien les œuvres de la philosophie, de la sociologie politique, de la littérature et de l’histoire. Des anthropologues, des philosophes, des psychanalystes ont ainsi accepté d’explorer avec elle le moteur pulsionnel et conflictuel qui anime la vie psychique individuelle, fait le terreau de la vie collective, agite et bouleverse les équilibres et les dédommagements qui se trament entre nos solitudes et nos devenirs d’êtres sociables. De l’usage de la parole à l’écoute de l’analyste, de l’efficacité du mythe à l’engendrement paradoxal de la barbarie par la civilisation même, de la psychanalyse des enfants aux problèmes soulevés par les demandes de changement de sexe ou par le rituel de l’échographie et sa violence, il y va chaque fois des chocs entre l’action muette de la répétition et les formes sensibles de ses métamorphoses. Comment traduire ces heurts si ce n’est en faisant usage de la métapsychologie, c’est-à-dire en interrogeant l’asymétrie constitutive entre les qualités du « être affecté » et l’économie des quantités énergétiques ?
Ce volume rassemble les communications prononcées et les résumés des débats nourris qui ont eu lieu à leur suite.
536 pages.

Initiative unique dans l’histoire de la psychanalyse française, cet ouvrage démontre la capacité des praticiens de cette discipline à surmonter leurs traditionnelles divisions pour mieux mettre en commun leurs expériences, leurs savoirs et leurs compétences au service de la société. Contrairement à ce que déclarent ses détracteurs, la psychanalyse, discipline reine en sciences humaines, irrigue toujours davantage la pensée contemporaine. Ses concepts, devenus de véritables outils de travail pour n ombre de praticiens et de chercheurs, font désormais partie du langage courant.
Les auteurs s’attachent à mieux décrire la portée de l'inédit freudien et les fondements scientifiques de la psychanalyse. Au milieu des avancées des sciences cognitives, des neurosciences ou de l'intelligence artificielle, ils font valoir leur spécificité et la place singulière – fondée sur leur désir de s’engager toujours davantage dans une approche relationnelle de la vie psychique – qu’ils occupent notamment dan s les domaines de la santé mentale, de l’enfance et de la culture.
Cet ouvrage est issu du rapport qui a été signé par les sociétés et associations suivantes : Analyse freudienne • Association lacanienne internationale • Association psychanalytique de France • Cercle freudien • École de la cause freudienne • École de psychanalyse des forums du Champ lacanien • École de psychanalyse Sigmund-Freud • Espace analytique • FEDEPSY • Fédération des ateliers de psychanalyse • Fédération européenne de psychanalyse • Psychanalyse actuelle • Quatrième Groupe • Réseau pour la psychanalyse à l’hôpital • Séminaire inter-universitaire européen de recherche en psychopathologie et psychanalyse • Société internationale d’histoire de la psychiatrie et de la psychanalyse • Société psychanalytique de Paris • Société de psychanalyse freudienne • Société psychanalytique de recherche et de formation
160 pages.
Mots clés : Psychothérapie institutionnelle - Psychanalyse - Historique - Autisme infantile - Culture - Littérature - Psychanalyste - Evaluation - Psychanalyse d'enfant - Psychiatrie - Institution - Soin psychiatrique - Médecine factuelle - Sciences - ....

La pulsion anarchiste, ce texte majeur, initialement paru dans Topique n°24, 1979 et repris comme chapitre du livre - De la guérison psychanalytique -, a été traduit en grec, sous la responsabilité scientifique et éditoriale de G.Stephanatos (Membre IV Groupe), par le traducteur professionnel G.Karampelas.
Livre composé du texte de Nathalie Zaltzman, d'une préface rédigée par G.Stephanatos - Une pulsion de mort au service de la vie -, p.11-46, d'une courte biographie de Nathalie Zaltzman, ainsi que de son ergographie : livres, articles (en français et en grec), études sur son œuvre.
132 pages.

On croit à la fois bien connaître l’oeuvre de Freud et sa vie. Mais que sait-on réellement de l’homme, de ses goûts, de ses choix, de ses plaisirs… ? C’est ce Freud-là, saisi « sur le vif » que nous invite à découvrir Jean-Pierre Kamieniak à travers une série d’ouvrages brefs qui révèlent des facettes méconnues de l’Homme. On sait par exemple que Freud eu recours à des substances stimulantes, comme la cocaïne et la nicotine, mais quel usage fit-il de cet autre adjuvant qu’est le vin ? Quels étaient les rapports à la musique de celui qui se présentait volontiers comme « sans aucune oreille » ? Que pensait-il du cinéma qui naît officiellement en 1895, l’année même où Freud le savant publie ses Études sur l’hystérie, considérées comme l’un des ouvrages fondateurs ? Et comment comprendre, à l’automne de sa vie, son intérêt croissant pour les chiens ?
La psychanalyse n’est pas sortie toute armée de la tête de Sigmund Freud : elle est le résultat de sa propre expérience vécue. Celle d’un homme parmi les hommes, un être bien vivant, avec lequel on ne peut que partager cet ordinaire familier dont il a su, lui, extraire les lois universelles qui régissent les conduites humaines.
162 pages.

Quel est le point commun entre l’interprétation des rêves et les œufs mimosa ?? entre la compulsion de répétition et la préparation des petits pois ?? entre la castration et le lapin à la lyonnaise ?? Comment l’acte manqué se transforme-t-il en gratin dauphinois ou bien en tarte Tatin ?? Comment préparer un rôti de marcassin, des foies hachés et un gâteau russe en définissant mot d’esprit, pulsion, et fantasme des origines ?? Vingt-six psychanalystes répondent et partagent leurs souvenirs, leurs savoirs, leurs associations libres… et leurs recettes préférées. Ce n’est pas sans humour qu’ils dévoilent les secrets des plats qu’ils préparent. Ils démontrent qu’ils savent manier la cuillère et le concept de façon savoureuse, souvent drôle et inattendue. Les quarante recettes proposées peuvent toutes être réalisées, y compris par celles et ceux n’ayant jamais fréquenté de divan, et sont agrémentées de textes expliquant leur extraordinaire saveur inconsciente.
Avec les recettes d’Anna Angelopoulos, Rania Arida, Patrick Avrane, Claude Barazer, Catherine Bergeret-Amselek, Marie-France Biard, Géraldine Cerf de Dudzeele, Joël Clerget, Sylvie Du Bois-Cassani, Tristan Garcia-Fons, Suzanne Ginestet-Delbreil, Micheline Glicenstein, Thanassis Hatzopoulos, Simone Korff Sausse, Didier Lauru, Alain Lemosof, Martine Lerude, Ghyslain Lévy, Vicky Malissova, Jacques Mervant, François Pommier, Léa Sand, Jean-François Solal, Lya Tourn, Catherine Vey, Monique Zerbib.
220 pages.

On croit à la fois bien connaître l’oeuvre de Freud et sa vie. Mais que sait-on réellement de l’homme, de ses goûts, de ses choix, de ses amours … ?
C’est ce Freud-là, saisi « sur le vif » que nous invite à découvrir Jean-Pierre Kamieniak à travers une série d’ouvrages brefs qui révèlent des facettes méconnues de l’Homme. Que sait-on de ses amours de jeunesse et de l’éveil de l’adolescent Freud : Ichtyosaura, Gisela, son amourette reconnue, ou Silberstein, l’ami juré ? Quel rôle ont joué ses relations passionnées à ses amis et collègues ? Et qu’en est-il de ce coup de foudre pour Yvette, flamboyante chanteuse rousse : une légende ?
La psychanalyse n’est pas sortie toute armée de la tête de Sigmund Freud : elle est le résultat de sa propre expérience vécue. Celle d’un homme parmi les hommes, un être bien vivant, avec lequel on ne peut que partager cet ordinaire familier dont il a su, lui, extraire, les lois universelles qui régissent les conduites humaines.
145 pages.

Comment comprendre notre consentement passif envers la cruauté banalisée d’une réalité quotidienne dont nous entendons les échos terrifiants ? L’époque n’est plus celle de cet amour de la vérité que Freud donnait comme la fin de chaque engagement dans une psychanalyse. L’époque est celle de la vraie pauvreté, de l’homme pouvant être sacrifié à merci, et dont l’autre face est l’indifférence.
Dans cet essai d’anthropologie psychanalytique, Ghyslain Lévy analyse, à travers cette indifférence aujourd’hui si partagée, le refus de toute hospitalité au malvenu en nous et la honte de notre humanité fragile, souffrante, vivante. À partir de sa riche expérience clinique, et en s’appuyant sur la littérature et le cinéma, l’auteur nous fait parcourir les lieux de l’indifférence, des maladies du virtuel à la perte du sentiment du chez soi.
Survivre à l’indifférence, c’est vivre contre l’indifférence, faire résistance au règne de l’homme-jetable, à la marchandisation des corps et aux solitudes « branchées ».
240 pages.
Ghyslain Lévy est psychanalyste, membre du Quatrième Groupe. Il est l’auteur de nombreux livres, dont L’Invention psychanalytique du temps (L’Harmattan, 1996), Au-delà du Malaise. Psychanalyse et barbaries (Érès, 2000), L’Ivresse du pire et Le Don de l’ombre (Campagne Première, 2010 et 2014).

Depuis les années 1950, les thérapies de groupe d’enfants se sont largement déployées, notamment dans les institutions de soin et dans le secteur médico-social. Leurs dispositifs sont aussi divers que la formation de ceux qui les pratiquent. Au vu de cette multiplicité de dispositifs peu théorisés, ces thérapies ont eu du mal à s’affirmer comme un traitement spécifique et ont souvent été considérées comme une pratique « par défaut ».
En s’appuyant sur sa longue expérience clinique, Pierrette Laurent montre à quelles conditions le travail psychique en groupe d’enfants peut devenir psychothérapique.
Comment les liens créés dans et avec le groupe viennent dénouer et transformer les symptômes des enfants pour favoriser la reprise de leur dynamique de pensée ? Quelle est la fonction de l’analyste de groupe ? Quelles sont les articulations nécessaires entre groupes thérapeutiques et institutions dans lesquelles ils se déroulent ? À partir de nombreuses vignettes cliniques, cet ouvrage apporte des outils méthodologiques, théoriques et pratiques à destination de tous les professionnels qui conduisent des groupes thérapeutiques d’enfants.
208 pages.
Pierrette Laurent est psychiatre, pédopsychiatre, psychanalyste membre du IVe Groupe, psychanalyste de groupe, formatrice au CIRPPA.

La connexion aux technologies (smartphone, jeux vidéo, exosquelette, prothèse artificielle, etc.) produit de véritables métamorphoses : au niveau du corps tout d’abord, du cerveau notamment, qui touche également au Soi - les neurosciences permettent de comprendre ces phénomènes. Mais la mutation de l’homme connecté touche aussi directement, ou indirectement, sa psyché, en son Moi. Une fonction psychique se développe : par étayage sur une fonction du corps (c’est le moi-peau de Didier Anzieu), mais elle se développe aussi par appui sur la technologie dont le fonctionnement est transposé sur le plan mental. Dès lors, le Moi connait une véritable extension de ses limites : c’est le MOI-CYBORG, nouvelle surface psychique qui permet au sujet de se représenter l’objet technologique comme une partie de lui-même.
C’est ainsi aussi que, dans la psychopathologie, le MOI-CYBORG va pouvoir également servir de prothèse psychique pour compenser (voire, dans certains cas, construire) des fonctions psychiques carencées, ou mal organisées. Ce sont toutes ces nouvelles transformations qui sont décryptées dans cet ouvrage, qui s’appuie sur de nombreuses recherches théoriques et cliniques.
224 pages.

Plus on regarde les mots, plus ils nous parlent de loin, écrivait Karl Kraus. Ils nous arrivent chargés de sédiments d’images et de pensées des générations antérieures. Nous puisons dans ce trésor intérieur pour former des pensées nouvelles. Dans les formes qu’ils nous offrent et leur brèche étroite, nous tentons laborieusement de faire passer la vastitude de notre vécu. Freud inventant la psychanalyse, les écrivains et les poètes, et les chercheurs dans les sciences, nous donnent quelque peu accès à ces réseaux enchevêtrés qui animent la surface du texte et nous fait penser. Mais les idéologues avec les mêmes médiateurs que sont les mots, détruisent le sens et obscurcissent la capacité de juger. La tache d’encre du lapsus calami qui échappe à Freud creuse un trou noir dans sa page d’écriture, comme une zone plus dense et obscure sous lequel se tient l’inconnu.
L’inconnaissable est au cœur de la pensée freudienne et nous jetons des passerelles vacillantes par-dessus les terrains inexplorés, et passant de l’autre côté nous envisageons alors de cette autre rive ce qu’il faudrait construire, ce faisant un pont se construit, un pont de mots. J’aimerais, si j’osais le faire, emprunter à Wittgenstein une comparaison plus paisible et dire que cette suite de textes forme un « album » d’esquisses de paysages, surgis au cours de longues promenades faites de mille détours, de croisements et de quelques accidents. Le paysage à demi dévoilé et à demi caché, m’a donné envie de poursuivre dans les chemins que proposent certains textes freudiens. Chemin, métaphore fréquente qu’il emploie pour parler de sa recherche, mais aussi littéral quand ils mènent à la découverte inopinée d’un coin aux champignons. Freud écrivait à Ferenczi : Je tiens à ce que vous ne fabriquiez pas des théories, elles doivent vous tomber dessus comme dans une maison des invités inattendus.
Ces textes, souvent anciens se sont appuyés sur ce que l’auteur de la psychanalyse nomme constamment des concepts d’aide, ces constructions utiles le temps de s’en servir, échafaudages à ne pas confondre avec la bâtisse et indispensables le temps de la construction, et on en change quand l’expérience le demande. Ils ont une fonction analogue à la langue d’images sans laquelle on ne peut rien percevoir mais, bien que nous soyons forcés de l’utiliser pour décrire quoi que ce soit, ces comparaisons ne forment qu’une série, c’est-à-dire quelque chose d’ouvert, qui peut se continuer et non pas former un système comme peuvent le faire des concepts ; aucune d’elles ne peut donc prétendre à être la meilleure et la dernière car la distance entre le mot et la chose n’est jamais comblée. C’est ainsi que cet objet auquel la méthode analytique donne accès, ne peut se présenter de façon exhaustive et systématique, et ce n’est pas sans nostalgie que Freud y renonce car elle rendrait la transmission de la psychanalyse tellement plus facile.
Donc pas d’explication, sinon après-coup et pour le temps d’en parler. L’esprit positiviste régnant sur notre époque, qui ne veut que des faits et rien que des faits, ne pourrait envisager que le jaune vif du bouquet des souvenirs-écrans ne soit pas celui des pissenlits, bien réel et imprimant sa marque, mais puisse faire signe vers quelque chose qui n’est pas là, insu et secret, et qui pourtant signalé par son excessive clarté peut être démasqué par l’analyse. Clarté : « Deutlichkeit », signifiance, de « deuten » : montrer du doigt, vouloir dire quelque chose à quelqu’un au-delà de ce qui est simplement perçu, ce mot et son registre visuel répond mal à celui ancré dans la signifiance.
Freud s’appuie sur l’usage de la langue auquel il accordait une grande sagesse, et remarque qu’il a déjà fait un travail préalable en donnant un air de famille à toute sorte de petits phénomènes anodins. Simples bévues vite oubliées, ils sont retenus avec sa ribambelle de mots déjà apparentés par la langue par leur préfixe VER, et ces non-évènements deviennent alors observables. Il fait grand cas de ces petits phénomènes parce que chacun peut en faire l’expérience directement sur lui-même, et les éprouvant en construire un savoir. Observables une fois construits, ils sont des actes psychiques de plein droit, porteurs d’une double intention se contrariant, inconsciente et consciente. Avec peu de moyens théoriques, son analyse exerce la sensibilité et l’intellect à les reconnaître quand ils se manifestent, et ce faisant, il construit un « modèle de recherche » qui dégage laborieusement la manière de poser les questions importantes pour la psychanalyse avec une grande netteté signifiante. La netteté signifiante, Deutlichkeit, si on la libère du registre visuel, rencontre le mot « appeler » rufen et prend toute sa valeur de signifier quelque chose à quelqu’un – à condition de ne pas laisser la voix s’assourdir dans le sens actuel du mot « provoquer », et tout autant dans celui de « hervorgerufen », occasionner. Les deux langues, sous on ne sait quelle contrainte rabattent l’impulsion à dire que porte le mot sur un sens causal, et les âmes deviennent de petites machines.
C’est en s’appuyant encore sur l’usage de la langue que Freud s’approche au plus près de l’expérience vécue. L’expression « contact avec l’actualité », ou les adverbes comme « zunächst » tout de suite, au plus prés, tombent sous sa plume quand il recommande de ne pas négliger d’utiliser d’abord ce qui vient à l’esprit de l’analysant. La méthode qui peut se résumer à l’énoncé de la règle fondamentale, est étroitement attachée à l’expression qui désigne ce lieu psychique : « la surface psychique actuelle », cette expression un peu énigmatique théorise au plus près de ce qu’elle décrit, en deçà de toute superstructure théorique. Cette manière d’exposer me donne l’occasion d’un autre texte : la présentation de la psychanalyse. Ce mot « présentation » n’est pas « représentation » mais mise en présence, autant que faire se peut, au moment même où cela a lieu à l’interface du préconscient/conscient. Processus discontinu où des couches psychiques distinctes et reliées entre elles, entrent périodiquement en contact, par coups rapides et périodiques, et donne un sentiment du temps spécifique à la vie psychique. Il utilise le mot « Darstellung » présentation, dans une expression qu’il ne reprend plus après l’Interprétation du rêve : la force de présentation. Elle est celle du désir inconscient qui diffuse son intensité sur des représentations disponibles et les haussant à la présentation les rend perceptibles à la conscience.
Freud, interrompant son développement, jette sur ce qu’il a écrit précédemment un regard rétrospectif et lui reconnaît le caractère d’être « génétique », ce qui me donne l’occasion d’un autre texte : « La présentation de la croissance interne de la psychanalyse ». Ce mot n’a rien à voir avec un développement biologique, encore moins avec une succession logique. Il descend d’un héritage culturel qui remonte à Goethe, que l’on peut reconnaître quand il compare la croissance du transfert avec le renouvellement tissulaire du cambium de l’arbre. Il fait parcourir à nouveau son lecteur par les voies de son invention, et mettant ainsi le concept en contact avec de nouvelles strates psychiques, lui redonne sa force de représenter. Ce texte met l’accent sur la présence d’autrui qui écoute et objecte, éveille des pensées nouvelles, elles peuvent déconcerter ou ouvrir un autre point de vue, de toute manière elles désorganisent quelque peu l’exposé, et donne son allure au travail de pensée, avancées et reculs, pénibles moments d’inertie, mauvaise humeur, moments de triomphe, ce tumulte serait l’écho lointain du mode de travail alternant des pulsions, s’élançant vers l’avant, retournant en arrière. La mise en mots porte des enjeux de survie.
Les mots à double sens ou ambigus permettent de raccrocher des mots à significations multiples à des situations disparates ou très éloignées, les rapprochant, elles les rendent significatives et un symptôme peut disparaître. Mais l’extrême plasticité de la langue permet aussi à l’idéologue de faire voir ce qui n’est pas là et empêcher de voir ce qui est là. Ainsi le tyran plie les esprits. Après le texte sur l’ambiguïté des mots, intitulé « l’équivocité chancelante des mots », expression empruntée en partie à une traduction d’Hannah Arendt, suit celui sur Victor Klemperer et son balancier qui donne un terrible témoignage de l’influence que les mots peuvent exercer sur les individus.
De même qu’un phénomène psychique est un phénomène de frontière situé à l’interface de deux systèmes, de même les mots sont des entités psychiques à deux faces qui unissent deux ordres de faits hétérogènes, le son et le sens qui, conjoints, créent les mots. Nos actes de parole ne cessent de résonner avec cet événement primordial où le sens s’est incorporé dans le son, où deux chaos se donnent forme en s’unissant : la nébuleuse des pensées et la masse tout aussi amorphe et indistincte des sons, en se délimitant mutuellement se fragmentent en unités
120 pages.
La pensée vagabonde est une coopérative d’assistance mutuelle à l’auto-édition qui soutient et diffuse les créations intellectuelles ou artistiques de ses membres.
http://lapenseevagabonde.org/

Dans les incertitudes actuelles de repérage politique et identitaire, le cinéma en tant que redoublement du visible, constitue non pas une aliénation, mais une ressource au service de l’imaginaire et de sa critique. En ce début de XXIe siècle, ce colloque de Cerisy saisit les relations entre le cinéma et la psychanalyse. Au-delà des analogies bien connues entre rêve, fantasme et image filmique, les années 1975 ont innové, en conceptualisant le langage cinématographique à partir du structuralisme en sémiologie et en psychanalyse. Le colloque de Cerisy de 1989, consacré à Christian Metz, en a largement rendu compte. Dans ce même temps, la question du sensible a été réintroduite, l’image n’était plus seulement conçue comme leurre spéculaire aliénant, mais aussi comme porteuse des traces des pulsions non symbolisées. Ainsi, le cinéma, révélateur de l’intériorité, réanimerait les traces mnésiques inconscientes et par là-même permettrait une élaboration des traumatismes individuels et collectifs. Cet ouvrage réunit des psychanalystes qui ont collaboré à des revues et/ou qui sont engagés dans des actions de diffusion, des théoriciens de l’image et des universitaires des départements d’esthétique et de cinéma, des cinéastes et des critiques de revues de cinéma.
346 pages.
Chantal Clouard est psychanalyste (Espace Analytique). Myriam Leibovici est psychanalyste (Participante aux Activités Scientifiques du Quatrième Groupe).
Contributeurs : Nurith AVIV, Jean-Jacques BARREAU (Membre IV Groupe), Raymond BELLOUR, Maryan BENMANSOUR, Pablo BERGAMI G. BARBOSA, David CHAOUAT (Participant IV Groupe), Chantal CLOUARD, Alix DE CHAMBURE, Francis DROSSART (Membre IV Groupe), Daniel FRIEDMANN, Jean-Pierre KAMIENIAK (Participant IV Groupe), Stéphanie KATZ, Max KOHN, Pascal LAETHIER, Myriam LEIBOVICI (Participante IV Groupe), Ghyslain LEVY (Membre IV Groupe), Marie-José MONDZAIN, Jean-Jacques MOSCOVITZ, Eithne O’NEILL, Maribel PENALVER VICEA, Karine ROUQUET-BRUTIN, Michèle SINAPI, Dimitri WEYL

Textes réunis, traduits de l’espagnol et présentés par Jean-Michel Assan
Pourquoi le maniement du transfert est-il si difficile ? Pourquoi rechigne-t-on tant à explorer le contre-transfert ? Freud avait-il raison de nous mettre en garde contre les dangers “radioactifs” du transfert ? Ce recueil, constitué de sept essais du grand psychanalyste argentin León Grinberg, offre une réflexion précieuse sur l’un des phénomènes les plus délicats de la technique analytique : le transfert et le contre-transfert. Ces travaux, déjà largement reconnus sur un plan international, sont parus en espagnol ou en anglais dans différentes revues entre 1956 et 1995 ; leur traduction en français est maintenant chose faite. Rédigé dans un langage technique mais facile d’accès, ce livre reprend aussi bien les textes pionniers de l’auteur sur le sujet que des articles de synthèse plus tardifs, suivis d’un texte rétrospectif où Grinberg questionne les fils conducteurs de son parcours de clinicien et de théoricien. Ouvrage indispensable à l’analyste en formation, il ne manquera pas d’intéresser également, pour son importance historique et critique, les analystes les plus aguerris.
176 pages.

Le projet de L’Algérie, traversées s’est formulé autour d’une question partagée : l’heure n’est-elle pas venue en Algérie d’un véritable renouveau apporté par les œuvres de culture ? La vitalité, la diversité, l’impertinence de ces derniéres en témoignent. Elles débouchent sur une nouvelle page en train de s’écrire, non seulement en Algérie mais aussi au cœur de la relation complexe entre l’Algérie et la France.
Les différentes générations d’écrivaines et d’écrivains, d’artistes, de psychanalystes, de chercheuses et chercheurs en littératures, en anthropologie ou en histoire réunies à l’occasion d’un Colloque de Cerisy, le lieu même où se dit depuis si longtemps la foisonnante diversité des cultures, ont concouru à une rupture avec les versions convenues de l’Histoire, avec les mémoires encore enfermées dans des clivages post-traumatiques et des fixations nostalgiques.
Cet ouvrage rend compte de leurs travaux, avec l’enthousiasme et la passion des échanges entre celles et ceux qui savent combien le passe s’écrit toujours au futur, car il est riche de possibles à faire advenir.
Traverser, c’est multiplier les voies du sens et de l’interprétation, chercher des chemins de biais ; traverser, c’est traduire pour accéder à d’autres formes d’altérité. L’esprit des traversées anime ce livre, depuis le pouvoir créateur de la métaphore, afin de dire autrement l’Algérie et sa réalité présente et à venir.
374 pages.
Avec les contributions de : Zineb ALI-BENALI, Stéphane BAQUEY, Sabrinelle BEDRANE, Amina Azza BEKKAT, Charles BONN, Catherine BRUN, Giulia FABBIANO, Jacques FERRANDEZ, Claude GENARDIÈRE (DE LA), Sarah KOUIDER RABAH, Amina LAMGHARI, Karima LAZALI, Tristan LEPERLIER, Élisabeth LEUVREY, Ghyslain LÉVY, Catherine MAZAURIC, Mustapha MESLEM, Anne ROCHE, Hervé SANSON, Leïla SEBBAR, Keltoum STAALI, Habib TENGOUR, Meriem ZEHARAOUI

Un événement irréversible dans la plus jeune enfance de ce gosse devient un marqueur à l'exemple d'un tatouage indélébile. Pour partie, son chemin de vie s'expérimente en compagnie de la main des à-côtés. Ce récit se nourrit de fragments autobiographiques. Ils sont le terreau du développement du texte dans lequel les gouttelettes de la langue nourrissent le travail de la pensée, un essentiel à l'humanisation et à l'acceptation du principe de réalité. Des citations, des réflexions philosophiques et littéraires prolongent cette prise de risque d'un dévoilement de l'intime. La nature, la culture, le handicap, la douleur, la souffrance, le féminin, l'amour, le sociétal, l'identité, …. Une écriture littéraire … Romain Gary, "On a volé à l'homme sa part imaginaire, mythique, et cela ne donne pas un homme vrai, cela donne un homme infirme et mutilé, parce qu'il n'y a pas d'homme sans part de poésie…".
127 pages.

The book is divided in five sections. 'The historico-biographical' describes Ferenczi's childhood and student days, his marriage, brief analyses with Freud, his correspondences and contributions to daily press in Budapest, list of his patients' true identities, and a paper about his untimely death. 'The development of Ferenczi's ideas' reviews his ideas before his first encounter with psychoanalysis, his relationship with peers, friendship with Groddeck, emancipation from Freud, and review of the importance of his Clinical Diary. The third section reviews Ferenczi's clinical concepts and work: trauma, unwelcome child, wise baby, identification with aggressor, mutual analysis, and many others. In 'Echoes', we follow traces of Ferenczi's influence on virtually all traditions in contemporary psychoanalysis: interpersonal, independent, Kleinian, Lacanian, relational, etc.
308 pages.

Les psychanalystes écrivent, du moins certains d’entre eux. Mais en quoi l’écriture les concerne-t-ils et les implique-t-ils spécifiquement ?
La question vaut d’autant plus aujourd’hui, et sans doute davantage en France et dans l’aire francophone, que le recours à l’écriture chez les analystes connaît une diversification sans précédent de ses formes. Peut-être qu’en parallèle avec un certain abandon du modèle de l’application de la psychanalyse à la littérature, les psychanalystes seraient non seulement de plus en plus nombreux à écrire, mais aussi de plus en plus nombreux à chercher leur écriture : à chercher leur écriture en expérimentant de nouvelles modalités de croisements entre écriture autoréférentielle et écriture fictionnelle.
L’enjeu est d’échapper à l’alternative, encore dominante : soit l’entrecroisement du témoignage clinique et de l’essai, soit l’adoption des formes littéraires consacrées, comme le roman ou la nouvelle. Sont ainsi conviés à penser, ensemble et séparément, des psychanalystes de divers styles et de différents courants, mais aussi des écrivains et des spécialistes du texte littéraire.
386 pages.

Extrait de la préface d'O.Paccoud
La pensée analytique de Philippe Réfabert est difficile, et en un sens douloureuse, parce qu’elle engage notre capacité à supporter la pensée qu’une « analyse » puisse se faire tout entière au compte d’un objet qui se dédit, se récuse ou s’est absenté ; qu’elle puisse être, d’un bout à l’autre, l’analyse d’un « objet sans ombre » qui s’est imposé au sujet – l’analyse d’une « chose sans nom », d’un « vautour » (Kafka) que le sujet, à son insu, a avalé, avec laquelle il s’est composé une « fondation vicariante ». L’auteur nous oblige dès lors à nous voir au miroir bien peu amène d’un analyste « innocent », d’un analyste « sphinx » rompu à faire « comme si de rien n’était », et qui, au nom d’oedipe, de la théorie pulsionnelle ou de la maîtrise de son contre-transfert, n’aura finalement de cesse de « répéter le crime » (Ferenczi). À une telle démission, Philippe Réfabert oppose un analyste-témoin ; un analyste disposé à se laisser atteindre, à « souffrir l’autre » et à s’affecter, par exemple, d’une haine qu’il ne se savait pas entretenir à l’endroit de son analysant : un tel analyste pourra, s’il se peut, témoigner d’un « meurtre d’âme » qui, au sens strict, n’a pas encore eu lieu, n’avait jamais trouvé son lieu. En engageant la psychanalyse sur de telles voies, en revenant, notamment, sur la question honnie de l’analyse mutuelle (Ferenczi), Philippe Réfabert réengage la psychanalyse sur des chemins à la fois passionnants et inquiétants. À lire les textes qui composent cet ouvrage, on prend de nouveau la mesure, en tremblant, qu’elle est bien cette « méthode dangereuse », et à ce titre absolument incomparable, pour guérir l’âme humaine.
220 pages.
